Que reste-t-il d’Haïti? Haïti qui en 1804 est devenue la première république indépendante de population majoritairement noire après avoir foutu dehors Napoléon Bonaparte, qui voulait réinstaurer l’esclavage. Haïti qui a survécu aux sanguinaires Duvalier père et fils et leurs tontons macoutes. Haïti qui a vu son sauveur Jean-Bertrand Aristide, devenir président et s’enfuir avec sa famille après avoir toléré le trafic de drogue, instaurer un autre régime de terreur et dévalisé le pays. Haïti, qui n’en finit plus de se relever des catastrophes naturelles qui assaillent son territoire en épargnant presque systématiquement la République Dominicaine, sa colocataire de l’île d’Hispaniola. Haïti qui a reçu son coup de grâce cette semaine quand l’ennemi, cette fois, est venu de la terre elle-même. Il reste l’espoir... Il reste l’espoir à ce peuple qui a cherché, bien plus que d’autre, son bonheur, sans jamais l’obtenir. Après une telle désolation, après que Port-au-Prince, sa capitale, soit complètement anéantie, que ce Palais présidentiel soit tombé, voici peut-être enfin, une chance de repartir à zéro. Au-delà de cette économie qui commençait à montrer des signes encourageants, au-delà de ses intellectuels reconnus, il y a ce peuple. Quand l’écrivain Dany Laferrière a gagné le prix Médicis cet automne, il a dit: « Enfin une bonne nouvelle pour le peuple haïtien ».Aujourd’hui, ce peuple devant tous les autres qui le regardent doit donner un sens à ce drame et avancer avec l’espoir d’un bonheur mérité et d’une grande série de bonnes nouvelles pour la perle des Antilles.
Samuel Thibault