Au-delà de la communication, de l’aspect technique du jeu et des appréhensions des partisans, la venue du directeur général du Canadien Bob Gainey derrière le banc de l’équipe amène un effet stabilisateur. Ce n’est pas que Guy Carbonneau était un mauvais entraîneur, loin de là. Seulement, il se retrouvait dans une situation qui devait finir par avoir raison de lui un jour ou l’autre. D’une authenticité peu commune, Carbo est un homme émotif. Un homme qui dit ce qu’il pense, qui pouvait sermonner son équipe devant les caméras une semaine et l’encenser la semaine suivante. Un comportement issu davantage de ses trippes que de sa raison. Une façon d’être qui a fini par créer l’inacceptable : l’indifférence de ses joueurs. Aujourd’hui, s’il y a une chose qui vient de changer dramatiquement au sein du Tricolore, c’est l’attitude du maître d’œuvre. Car si on voyait souvent en Carbo la mère cherchant à gérer ses émotions devant l’inconstance de ses protégés, on retrouve en Bob Gainey l’opposé : le père cherchant la raison à tout prix, qui apporte à ceux qui le côtoient une accalmie certaine, une prestance qui, inconsciemment, les oblige à lui plaire.
Gainey n’a pas besoin de lever le ton pour se faire comprendre. De par son regard, il impose le respect. J’admirais le joueur qu’était Carbo. J’admire toujours l’homme. Mais en quelque part, entre une virée de trop entre chauds lapins et la responsabilisation face au moment critique, la présence d’une figure paternelle, autoritaire mais rassurante, peut devenir nécessaire au développement d’une jeune formation.
Samuel Thibault