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vendredi, 19 mars 2010 05:46

Le jeu de la mort

Une scène du documentaire Jeu de la mort, tournée devant un public très inquiet, a été présentée mercredi soir sur France 2, une chaîne publique française, à une heure de grande écoute. Bien sûr, il ne s’agissait pas d’une véritable mise à mort.

Cette expérience pour le moins troublante vous glace le sang par son concept. On a fait croire à des gens qu’ils étaient les participants d’une téléréalité qui consiste à électrocuter son partenaire de jeu, si celui-ci se trompe dans les réponses d’un jeu-questionnaire. Au début, les chocs sont doux et presque pas perceptibles. Puis l’acteur, qui en réalité ne ressent rien, commence à se plaindre de douleurs plus vives à chaque fois. Plus le jeu avance, plus les décharges que le cobaye envoie, sont intenses. À la fin, 80 pour cent des participants s’étaient rendus jusqu’à donner l’électrocution fatale à l’acteur qui feignait être tombé dans les pommes. Incroyable! Seulement 20 pour cent des gens ont fini par se dire que l’exercice n’avait aucun sens et que quoi qu’en pensent la production, les auditeurs et l’animatrice, ils quittaient le jeu. Wow, ils sont vraiment braves ces participants. À aucun moment, un d’eux ne s’est dit: « Non seulement je ne me rendrai pas jusqu’à tuer cet homme en direct à la télévision, mais en plus, je vais appeler la police car maintenant, ça commence à bien faire »? On considère ces 20 pour cent comme des gens ayant du cœur? Et la non-assistance à personne en danger dans tout ça?
Aussi, les scientifiques qui ont par la suite analysé ce pur gâchis de la race humaine ont expliqué que les concurrents avaient agi ainsi parce qu’ils se soumettaient à l’autorité de l’animatrice et à la pression de la production. C’est désolant, triste et franchement pas très rassurant.
Il n’est donc pas étonnant de voir l’ensemble de la population du Québec ne pas se formaliser de voir tout ce qui arrive dans le merveilleux monde de la construction et des garderies subventionnées. Quand on est prêt à voir de pauvres idiots s’entre-tuer à la télévision dans un jeu-questionnaire, qu’est-ce que l’on en a à foutre que Rambo terrorise l’ensemble des chantiers de la Côte-Nord? Que son patron se ridiculise en conférence de presse en traitant tout le monde de clown, ce n’est pas très grave. Qu’il existe un trafic de permis de garderie et que ce trafic soit orchestré par des membres de l’exécutif de comté d’un ministre. Mais qu’est-ce que ça peut bien faire?
L’important, c’est de se divertir, de rire et de grincer parfois des dents. L’important c’est d’avoir ses quinze minutes de gloire dans une ringarde émission de télé. Que nos dirigeants rient de nous en plein visage, ce n’est pas grave, de toute façon, on ne s’en rend pas compte, on est trop occupé à regarder Big Brother!
Guylaine Lebel