Imaginez. Vous êtes un athlète aux Jeux Olympiques de Vancouver, en 2010. Dans une discipline individuelle. Vous remportez la victoire, devant les vôtres. Vous montez sur la plus haute marche du podium. C’est la gloire. À la télé, dans les journaux, dans votre entourage, tout le monde veut un peu de vous. Le moment auquel vous aviez toujours rêvé. Mais à l’intérieur, c’est le vide le plus total. Ç’a été trop facile. Vous ressentez que la majorité de vos concurrents ont consenti dix fois plus d’efforts que vous. Pourtant, la médaille en or, c’est vous qui l’avez. Un profond malaise s’empare de votre intérieur. Vous souriez modestement mais au fond, vous voudriez fondre en larmes. Parce que vous vous rendez compte, soudainement, que vous n’aurez jamais l’occasion de vivre le moment tant attendu.
De vivre cette fierté, cette exaltation que vous rêviez de ressentir depuis toujours. Pire que cela, vous avez l’impression que tous les efforts que vous avez déployés, toutes les heures que vous avez consacrées, tous les sacrifices que vous avez accomplis au cours de votre vie, ne valent rien. Ça vous déchire le cœur. Vous auriez le goût de vous enfermer seul dans une pièce pendant des jours. Vous auriez envie de revenir dans le passé. Parce que vous savez, maintenant, que le jour où vous avez consommé pour la première fois des stéroïdes, vous avez tué une partie de vous. Mais il est trop tard. Vous vous sentez misérable. Vous avez pitié pour tous vos proches à qui vous avez menti durant toutes ces années. Vous vous sentez cheap. Vous avez perdu votre identité, votre amour-propre… De grâce, avant d’apprendre à vos jeunes à performer, montrez-leur d’abord d’où provient la fierté. La VRAIE fierté.
Samuel Thibault