La grande quantité de neige qui tarde à fondre dans les régions au nord du fleuve St-Laurent aurait contribué à l'attroupement de ces oiseaux migrateurs. « Étant dans le sud du Québec, le bassin de Chambly agit comme un lieu de pause parfait pour les oiseaux qui attendent que les étendues d’eau dégèlent avant de continuer leur chemin vers le nord », a expliqué l'ornithologue Pascal Côté de l'Observatoire d’oiseaux de Tadoussac.
L'attroupement observé au début du mois d’avril est d’autant plus impressionnant en sachant qu’un total de près de 225 000 bernaches ont été répertoriées dans le Nord québécois à l’automne dernier. Les 47 600 oiseaux migrateurs représentent donc presque un cinquième de l’ensemble des individus de l’espèce vivants sur le territoire.
Les bernaches seraient maintenant visibles un peu plus au nord, dans la région de Lanaudière, là où la neige fait place aux champs inondés, qui sont une bonne source de nourriture pour l’espèce.
Phénomène nouveau, il est maintenant possible d’observer certaines bernaches qui restent tout l’hiver dans le sud du Québec, plutôt que de redescendre aux États-Unis.
« Avec les années et le réchauffement, on peut prédire que ce phénomène va arriver plus souvent. Soit que les oiseaux vont rester plus longtemps à l’automne, voir rester ici tout l’hiver, ou revenir plus tôt au printemps. », a expliqué le spécialiste des oiseaux migrateurs, Pascal Côté.
Une analyse contestée
Des données récentes fournies par les services canadiens de la faune démontrent une baisse dans la population de cet oiseau migrateur. Les couples nicheurs de bernaches comptés au Nunavik, leur lieu de reproduction, auraient passé de 196 000 en 2016 à près de 112 000 couples l’an dernier.
Selon M. Côté, il faudrait par contre rester prudent dans l’analyse de ces chiffres, car les conditions météorologiques de l’hiver 2017 en Arctique seraient la principale cause de ce déclin. « L’hiver 2017 en Arctique a été le plus neigeux depuis très longtemps. Tous les animaux qui nichaient au sol ont été très affectés et il y a eu beaucoup moins de naissances .», expliquait-il.
Le bassin de Chambly étant une des étendues d’eau du Québec qui dégèle le plus rapidement au printemps, il est un endroit de choix pour les oiseaux migrateurs qui préfèrent se reposer et passer la nuit dans l’eau.
Félix Lebel