Le ministre Christian Paradis est visiblement un tenant de cette théorie. Il l'applique à la politique de fort jolie façon. Il lui a suffi de laisser traîner une problématique complexe sur son bureau pendant 16 mois pour qu'apparaisse un rapport complaisant: tout va bien, Madame la marquise!
Je parle évidemment de la problématique de la langue de travail pour les entreprises de juridiction fédérale au Québec. Les banques, les transports, les télécommunications... tous ces domaines sont de juridiction fédérale. Les entreprises de ce secteur ne sont pas soumises à la loi 101, qui donne à leurs employés le droit de travailler en français.
Cela a mené à des problèmes et des dénonciations dans les derniers mois. À la Banque Nationale, les employés d'un département ont été forcés de travailler en anglais à la suite de l'embauche d'un patron unilingue anglophone, par exemple. Même la Caisse de dépôt et placement du Québec a été pointée du doigt à ce sujet.
Aux élections fédérales de 2011, Jack Layton et l'équipe du NPD ont promis de déposer un projet de loi pour permettre aux Québécois de travailler dans leur langue, peu importe leur lieu de travail.
Nous avons tenu promesse et mon collègue de Trois-Rivières Robert Aubin a déposé un projet de loi en octobre 2011 modifiant le Code du travail pour donner le droit à tout employé du Québec de travailler en français et de recevoir les communications écrites de son employeur en français. Une solution simple et efficace.
Sous pression, le gouvernement conservateur — qui normalement abhorre la bureaucratie — a proposé la création d'un comité afin d'étudier la question. Ne soyons pas dupes: il s'agissait d'une façon de balayer la poussière sous le tapis. Le gouvernement pouvait ainsi battre le projet de loi sans porter l'odieux de renier les droits linguistiques des Québécois.
Pendant des mois, le NPD a questionné le ministre Christian Paradis à ce sujet. J'avais moi-même dénoncé ce silence ici. La dernière question date du 27 février: quand sera créé ce comité? Qui y siégera? Quel sera son mandat? Aucune réponse. Selon toutes vraisemblances, le comité n'a toujours pas été créé.
Puis, huit jours plus tard, Paradis dépose un rapport sorti de son chapeau. Un rapport écrit par trois hommes qui ont été nommés par le premier ministre. Faut-il s'étonner que le rapport dise exactement ce que le gouvernement voulait entendre?
Le simulacre de rapport de Christian Paradis fait état de la consultation de 12 entreprises sur 1 760. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que l'échantillon n'est pas représentatif.
L'inaction des conservateurs crée deux catégories de travailleurs. Les Québécois qui travaillent dans les banques, les télécoms ou les transports peuvent toujours être forcés de travailler en anglais, contre leur gré. Merci aux conservateurs pour leur je-m'en-foutisme habituel.
N'en déplaise à Christian Paradis, la génération spontanée est une théorie surannée. Il serait temps pour lui d'entrer au 21e siècle et d'aborder sérieusement les enjeux qui touchent les gens d'ici.
Matthew Dubé, Député de Chambly-Borduas
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